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Rafael Nadal s’offre son quatorzième Roland-Garros et, à 36 ans, défie les lois du temps

Roter.Teufel

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Rafael Nadal s’offre son quatorzième Roland-Garros et, à 36 ans, défie les lois du temps


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En battant le Norvégien Casper Ruud, l’Espagnol a décroché, dimanche, son quatorzième titre à Paris, le vingt-deuxième en Grand Chelem, reléguant à deux longueurs Novak Djokovic et Roger Federer.



« Jouer en finale contre “Rafa” à Roland-Garros est sûrement le plus grand défi de ce sport. Ça semble absolument infaisable, mais je vais essayer, comme les treize autres ont essayé avant moi. » Comme les treize autres avant lui, Casper Ruud est venu, il a vu, il a perdu. Dimanche 5 juin, Rafael Nadal a remporté son quatorzième titre sur la terre battue parisienne (6-3, 6-3, 6-0), le vingt-deuxième en Grand Chelem, reléguant à deux longueurs ses deux grands rivaux, Novak Djokovic et Roger Federer.

Le défi était tout simplement vertigineux pour le jeune Norvégien (23 ans), qui ne s’était jamais aventuré à ces hauteurs, calant jusqu’alors au stade des huitièmes de finale en Grand Chelem. Encore plus quand on affronte pour la première fois sur le circuit celui qu’on idolâtre depuis qu’on a 6 ans. « Aujourd’hui, j’ai pu me faire une idée de ce que ça fait de t’affronter sur ce court en finale », dira Casper Ruud à l’Espagnol, sourire en coin, à l’issue du match.

« Ce qui m’arrive cette année est complètement insensé, c’est très dur de décrire les sentiments que je ressens, gagner encore à 36 ans sur ce court le plus important de ma carrière, ça veut dire tellement », a balbutié Rafael Nadal au moment de recevoir la coupe des Mousquetaires des mains de la légende américaine Billie Jean King, sous le regard du roi Felipe VI.

Arrivé à cloche-pied Porte d’Auteuil

Qu’importe que ce match n’ait pas été un sommet – il en a souvent été ainsi depuis le premier sacre du gaucher, en 2005. Qu’importe que le vainqueur ait évolué loin de ses standards deux sets durant, sur un court Philippe-Chatrier à ciel ouvert. Dans quelques années, tout le monde l’aura chassé de sa mémoire. Ne resteront de ce duel que son dénouement et l’épaisseur du morceau d’histoire. En prime, l’Espagnol s’est permis, dimanche, de décrocher un des derniers records qui lui résistait Porte d’Auteuil : il est devenu le vainqueur le plus âgé du tournoi, dépassant son compatriote Andres Gimeno il y a cinquante ans.

A 36 ans et deux jours, le Majorquin n’aura bientôt plus aucune mèche de cheveux à rabattre derrière ses oreilles avant de servir. Mais en attendant, sur la terre battue parisienne, il continue de défier les lois de l’attraction terrestre. Et, plus encore, celles du temps.

Jamais le maître des lieux n’avait aussi peu labouré la terre avant de rejoindre son royaume, d’abord diminué par une côte fracturée, avant que la douleur à son pied gauche ne se réveille brutalement à Rome, il y a trois semaines. Le phénix n’avait-il ressuscité en Australie, en janvier, que pour mieux se consumer ? Lorsqu’il est arrivé à cloche-pied à Paris, la question était de savoir s’il serait en mesure de défendre ses chances. Tout au long de la quinzaine, son pied (anesthésié a-t-il confié) a été un sujet de débat, mais il a tenu vaille que vaille, au terme d’un parcours du combattant.

Jamais l’Espagnol n’avait été aussi bousculé en seconde semaine dans un tableau qui ne lui aura pas fait de cadeau. En huitièmes de finale, il lui a fallu cinq sets pour se défaire du Canadien Félix Auger-Aliassime, protégé de son oncle et ex-entraîneur, Toni Nadal. Dans une finale avant l’heure, il a ensuite pris sa revanche au bout de la nuit sur le Serbe Novak Djokovic, qui l’avait éteint en demi-finales l’an dernier.

En demi-finales, enfin, il a suffoqué moins de deux sets mais plus de trois heures avant que la cheville d’Alexander Zverev se dérobe, contraignant l’Allemand à l’abandon. Qui sait ce qu’il serait advenu sans ce coup de pouce du destin ?

Après tout cela, personne ne l’imaginait trébucher sur le dernier obstacle. Pas avec sa volonté de fer, lui qui professait, après son titre à l’US Open en 2019 : « Je peux me rater techniquement ou tennistiquement, mais je ne m’autorise pas à échouer mentalement. » A 36 ans, Rafael Nadal grimace, mais tient toujours debout. Cassé d’un peu partout, rafistolé, mais pas encore K.-O.

Une quinzaine entre errances et flamboyances

Au bout du compte, sa quinzaine aura alterné entre errances et flamboyances, dans un stade qui l’a unanimement porté, même s’il n’a pas toujours été le préféré par le passé. Dimanche, il a reçu de la part des 15 000 spectateurs, debout, la même ovation que depuis son entrée en lice, le 23 mai. De la même manière qu’il avait ressuscité à Melbourne après cinq mois de convalescence, à Paris, Rafael Nadal a déjoué tous les pronostics. Avec tout ce qui lui reste de rage et de courage. S’accrochant à ce rêve fou de triompher une quatorzième fois sur « sa » terre. La dernière ?

Cette semaine, il a laissé planer le doute sur la suite de sa carrière. « Pour être franc, chaque match que je joue ici est peut-être mon dernier à Roland-Garros, voire de ma carrière, qui sait ? » L’Espagnol prétendait même échanger volontiers un dernier sacre dans son royaume contre la promesse d’un pied neuf. « Je préfère perdre la finale et avoir un nouveau pied qui me permettrait d’être heureux au quotidien. Gagner, ça te remplit d’une joie momentanée, mais j’ai une vie qui m’attend après, c’est le plus important, et j’aimerais pouvoir y faire du sport amateur avec mes amis… », disait-il vendredi.

Dans son discours lors de la cérémonie de remise des récompenses, il s’est montré moins alarmant : « Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve mais je vais continuer à me battre », a-t-il promis au public, même s’il s’est abstenu de lui donner rendez-vous l’année prochaine.

« Jouer avec un pied anesthésié m’expose à d’autres problèmes, c’était un risque que j’étais prêt à prendre ici, mais pas plus longtemps. Je ne peux pas et je ne veux pas continuer comme ça », a ensuite expliqué Nadal, qui va tester un autre traitement à partir de la semaine prochaine, avant de décider de la suite. « Ce qui me pousse encore à continuer, ce n’est pas d’essayer de gagner plus de Grands Chelems que les autres, c’est la passion pour le jeu, jouer devant des stades pleins, mais si je ne me sens plus compétitif, je n’aurai plus de plaisir », a-t-il poursuivi.

Au crépuscule de sa carrière, le court Philippe-Chatrier sera resté sa forteresse. En 2005, l’adolescent fougueux de 19 ans s’y allongeait pour la première fois bras en croix, dos contre terre. Peu importe ce que l’avenir lui réserve, après dix-sept ans de règne, l’Espagnol peut sereinement céder les clés de son royaume.



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