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L’histoire du temps présentL’Union fait la force

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Il y a exactement 80 ans, en octobre 1944, le Luxembourg était un pays libéré, mais pas apaisé. La liesse qui avait suivi l’arrivée des Américains n’avait évidemment pas effacé les deuils, douleurs et rancunes accumulés pendant les quatre années d’occupation. Désormais se posait la question de l’épuration et subsidiairement celle du pouvoir. A qui devait-il revenir? Aux organisations de résistance qui étaient nées de l’écroulement de l’Etat ou à un gouvernement que la fuite et l’exil avait déconnecté du pays?

Le 9 septembre 1944, les troupes américaines étaient entrées au Luxembourg. Deux jours plus tard, elles repoussaient les Allemands sur l’autre rive de la Moselle. Si la libération fut un moment de liesse et de ferveur nationale pour la grande majorité des Luxembourgeois, elle fut en revanche une catastrophe pour la minorité qui avait soutenu le régime nazi. Près de 10.000 Luxembourgeois avaient d’ailleurs préféré quitter le pays avec les Allemands juste avant. Certains pour continuer le combat, défendre bec et ongles ce Reich grand-allemand auquel ils s’identifiaient. D’autres plus prosaïquement pour échapper aux représailles.

Ils n’avaient pas tort. La chasse aux „Gielemännercher“, réels ou supposés, commença immédiatement. Quelques-uns furent exécutés sommairement; beaucoup d’autres furent contraints de défiler dans les rues de leur ville ou village, sous les crachats et les insultes de leurs voisins, accoutrés d’uniformes nazis désormais dérisoires. Un peu partout, des femmes accusées d’avoir collaboré „horizontalement“ avec l’occupant furent tondues en public. Cette première phase „sauvage“ de l’épuration eut lieu sous la supervision de l’„Unio’n“.
L’„Unio’n“ sort de la clandestinité

L’„Unio’n vun den Letzeburger Freihétsorganisatio’nen“ était née dans la clandestinité le 23 mars 1944 de la fusion des trois organisations de résistance les plus importantes sur le plan numérique: la LVL (Letzeburger Vollékslegio’n), le LRL (Letzeburger Ro’de Le’w) et la LPL (Letzeburger Patriote-Liga). A l’automne 1944, la résistance communiste avait elle aussi rejoint ce mouvement à vocation unitaire. L’Unio’n comptait alors 12 à 15.000 membres et disposait de sa propre force paramilitaire, la „Miliz“.

Dans les premiers jours suivant la fin de l’occupation, son comité central avait publié dans la presse libérée des appels exprimant son intention d’assumer des pouvoirs régaliens. Le 13 septembre 1944, il avait ainsi chargé ses membres de prendre en main le maintien de l’ordre et l’épuration:

„De’ Stonn, op de’ mer eso’ lâng gewart hun, ass endlech do. LETZEBURG ASS FREI. Domatt fänkt fir d’UNIO’N eng nei Period un, de’ hir eng Missio’n get, de’ schwe’er a voll Verantwortung ass fir jidfer Enzelnen; ower onsen hellgen Ed verlângt vun ons datt mir se ganz erföllen. Dat Wichtegst ass elo:

1. – Ro’ an Urdnung zu halen an ze surgen datt d’öffentlecht Liewen ro’eg a secher viruget.

2. – Alle Letzeburger, de’ önnert dem preisesche Regim gelidden hun ze höllefen wo’ mer nömme können.

3. – Ze suergen fir eng gerecht Bestrofung vun alle Verre’der a fir d’Rengegong vum Land vun allem wat preisesch ass a wor.

4. – Fest an trei zesummenzestoen fir den Opbau vun engem freien a gleckleche Letzeburg, no onser Devis: LETZEBURG DE LETZEBURGER1).“
Purifier le pays de ses vices et faiblesses

Et l’Unio’n était passée des paroles aux actes. Jusqu’à la fin du mois d’octobre 1944, la Miliz arrêta 2.825 hommes et entre 400 et 500 femmes. Ces collaborateurs présumés furent internés dans des camps créés par l’Unio’n2). Celle-ci s’empara également des archives de la Volksdeutsche Bewegung (VdB), du parti nazi et de ses organisations annexes – celles en tout cas qui n’avaient été ni emportées en Allemagne, ni détruites – afin de s’en servir comme pièces à conviction.

Le 10 octobre 1944, à l’occasion de la parution du premier numéro de son quotidien tout simplement nommé D’Unio’n, le mouvement avait exposé la manière dont il concevait l’épuration, la „Rengegong vum Land“. Il exigeait d’abord que soient punis tous ceux qui avaient exercé des charges au sein des organisations nazies ainsi que ceux qui avaient dénoncé des compatriotes et tombaient par là même sous le coup de la loi3). Mais l’épuration ne devait pas se réduire à l’action judiciaire. Elle était pour l’Unio’n un impératif politique et moral qui devait permettre de reconstruire le pays sur des bases nouvelles en le purifiant des vices et des faiblesses qui avaient été le terreau de la collaboration.

Si l’Unio’n avait de la compréhension pour les „petits“, ceux qui n’avaient eu d’autres choix que d’adhérer à la VdB pour conserver leur gagne-pain, elle comptait se montrer impitoyable contre ceux qui avaient trahi „le sain esprit du peuple“ par „lâcheté“, „matérialisme“ ou „orgueil“4), tous ceux qui étaient restés à des postes élevés tout au long de l’occupation5). Bref, l’Unio’n exigeait une épuration des administrations et des grandes entreprises6). Pour le moment, il ménageait encore le gouvernement rentré d’exil, se disait légaliste, affirmait ne pas vouloir le renverser, mais être associée au pouvoir, mais le bras de fer était inévitable.
Bras de fer avec le gouvernement

Partager le pouvoir avec l’Unio’n n’était pas dans les plans du gouvernement, mais il n’avait à ce moment pas les moyens d’affronter frontalement un mouvement qui, au-delà d’incarner la résistance à l’occupant, était organisé, armé et présent sur l’ensemble du territoire. Rentrés au Luxembourg le 23 septembre 1944, les ministres commencèrent par lui donner des gages, notamment sur la question de l’épuration, tout en s’efforçant de reprendre le contrôle de l’appareil policier, judiciaire et administratif.

Le 25 septembre, Victor Bodson, le ministre de la Justice, exprima sa volonté d’appliquer une „justice intégrale“7). Quatre jours plus tard, dans sa première allocution sur le sol luxembourgeois depuis l’invasion, Pierre Dupong, le ministre d’Etat, appelait les Luxembourgeois à ne pas céder à l’esprit de vengeance et à avoir confiance en la justice de leur pays8). Le 19 octobre, il légalisait par arrêté grand-ducal toutes les arrestations auxquelles l’Unio’n avait procédé. Le 27 octobre, par un autre arrêté, il ordonnait la fermeture de toutes les entreprises dont les propriétaires étaient soupçonnés de collaboration.

Cette politique des concessions et des petits pas porta ses fruits. Début novembre, le gouvernement obtint la dissolution de la Miliz dont une partie des hommes fut incorporée dans la gendarmerie. Le 30 novembre, le gouvernement promulgua un arrêté l’autorisant „à procéder à une enquête administrative“ – c’est-à-dire à lancer cette épuration de la fonction publique et de l’économie que l’Unio’n réclamait. Mais à ce moment-là, il commença à se mettre à dos la masse des fonctionnaires et agents de l’Etat qui, pour s’être soumis aux exigences de l’administration civile allemande, étaient restés en poste tout au long de l’occupation. Or, c’était précisément de ces enseignants, de ces administrateurs, policiers et magistrats dont le gouvernement avait besoin pour contrer l’Unio’n.

Tageblatt
 
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